mercredi, décembre 17, 2025
spot_img

Latest Posts

Pme critere : comment savoir si votre entreprise entre officiellement dans la catégorie des petites et moyennes entreprises

Pourquoi le statut de PME n’est pas qu’une “étiquette” administrative

Beaucoup de dirigeants ont une idée vague de ce qu’est une PME : “on n’est pas un grand groupe, donc on est une PME”. En pratique, c’est plus subtil. Et surtout, ce n’est pas un détail : savoir si votre entreprise entre officiellement dans la catégorie des petites et moyennes entreprises conditionne l’accès à une partie des aides publiques, certains dispositifs fiscaux, des appels d’offres, voire des conditions bancaires.

Avant de parler financement ou croissance, il faut donc répondre à une question simple : êtes-vous réellement une PME au sens des textes officiels ?

Dans cet article, on va décortiquer les critères, voir comment les appliquer à votre situation (y compris si vous avez plusieurs sociétés, des investisseurs, un groupe au-dessus), et surtout, comment vérifier ça de façon opérationnelle.

La définition officielle de la PME en Europe

En France, on utilise la définition européenne de la PME, issue d’une recommandation de la Commission européenne (2003/361/CE). C’est cette définition qui sert de référence pour la majorité des dispositifs publics (BPI France, crédits d’impôt, subventions européennes, etc.).

Une entreprise est considérée comme PME si elle respecte trois grands critères :

  • Effectif : moins de 250 salariés
  • Seuil financier :
    • chiffre d’affaires annuel ≤ 50 M€ OU
    • total de bilan ≤ 43 M€
  • Autonomie : ne pas être détenue majoritairement par un grand groupe

Les deux premiers critères sont généralement faciles à vérifier. Le troisième (l’autonomie) devient plus technique dès qu’on parle de holdings, de fonds d’investissement ou de groupes.

Micro, petite, moyenne entreprise : où vous situez-vous exactement ?

La catégorie “PME” recouvre en réalité trois sous-catégories, qui peuvent elles-mêmes conditionner l’accès à certains dispositifs.

  • Micro-entreprise (au sens européen, rien à voir avec le statut micro-entrepreneur) :
    • moins de 10 salariés
    • et chiffre d’affaires annuel ≤ 2 M€ ou total de bilan ≤ 2 M€
  • Petite entreprise :
    • moins de 50 salariés
    • et chiffre d’affaires annuel ≤ 10 M€ ou total de bilan ≤ 10 M€
  • Moyenne entreprise :
    • moins de 250 salariés
    • et chiffre d’affaires annuel ≤ 50 M€ ou total de bilan ≤ 43 M€

Autrement dit, toutes les micro et petites entreprises sont des PME, mais toutes les PME ne sont pas des petites entreprises.

Pourquoi cette distinction est importante ? Parce que certains programmes vont cibler :

  • uniquement les micro et petites (ex : certains dispositifs d’accompagnement à la digitalisation, quelques aides régionales)
  • ou au contraire les entreprises de taille intermédiaire (ETI), qui ne sont plus des PME

Critère n°1 : l’effectif, comment compter “vraiment” vos salariés

Sur le papier, c’est simple : une PME, c’est moins de 250 salariés. Mais il faut regarder les règles de calcul de cet effectif.

L’effectif retenu est un effectif annuel en équivalent temps plein (ETP), et non pas un effectif physique à un instant T.

Concrètement, il faut compter :

  • les salariés en CDI et CDD
  • les apprentis et contrats de professionnalisation (selon les dispositifs, ils peuvent parfois être exclus, mais au sens européen ils sont inclus)
  • les travailleurs à temps partiel, au prorata de leur temps de travail
  • les intérimaires affectés à votre entreprise, s’ils sont structurels

Un exemple simple :

  • 30 CDI à temps plein
  • 10 personnes à mi-temps (qui comptent pour 5 ETP)
  • 5 CDD à temps plein sur 6 mois (qui comptent pour 2,5 ETP sur l’année)

L’effectif annuel sera : 30 + 5 + 2,5 = 37,5 ETP.

Vous êtes donc très loin du seuil des 250. En revanche, si vous avez plusieurs très gros sites ou des filiales, il faudra peut-être agréger les effectifs (voir plus bas).

Attention aussi au moment de la mesure : pour l’attribution d’une aide ou d’un statut fiscal, l’administration se réfère généralement à l’effectif de l’exercice précédent (N-1). Une croissance rapide peut donc faire basculer votre catégorie… avec un an de décalage.

Critère n°2 : chiffre d’affaires et total de bilan, lesquels regarder ?

Pour le volet financier, ce qui compte, c’est de respecter

  • le seuil de chiffre d’affaires ou
  • le seuil de total de bilan

Pas besoin de cocher les deux cases : l’un ou l’autre suffit. Par exemple :

  • une entreprise avec 180 salariés, 55 M€ de CA mais 40 M€ de total de bilan peut encore être une PME (le CA dépasse, mais le bilan reste sous 43 M€)
  • une entreprise avec 230 salariés, 48 M€ de CA et 35 M€ de bilan est une PME (effectif et finances sous les seuils)
  • une entreprise avec 260 salariés, même avec un CA de 10 M€, n’est plus une PME (dépassement du seuil d’effectif)

Quelques précisions opérationnelles :

  • on prend les chiffres de l’exercice clos (N-1) ; si vous êtes en forte croissance, votre statut peut évoluer d’une année sur l’autre
  • on considère le chiffre d’affaires hors taxes, tel qu’indiqué dans les comptes
  • le total de bilan correspond au total de l’actif (ou du passif), pas seulement aux immobilisations

Critère n°3 : l’indépendance, le point aveugle de beaucoup de dirigeants

C’est souvent là que les choses se corsent. Une société peut être petite en apparence, mais contrôlée par un grand groupe, et donc ne plus être considérée comme une PME.

Le principe : pour être une PME, votre entreprise doit être autonome, c’est-à-dire ne pas être contrôlée à plus de 25 % par une ou plusieurs entreprises qui ne sont pas elles-mêmes des PME.

On distingue trois catégories de relations capitalistiques :

  • Entreprise autonome :
    • vous détenez 100 % de votre capital (ou quasi) ou
    • vous n’êtes pas détenu à plus de 25 % par une entreprise extérieure qui n’est pas une PME
  • Entreprise partenaire :
    • une autre entreprise détient entre 25 % et 50 % de votre capital, sans contrôle exclusif
  • Entreprise liée :
    • une autre entreprise détient plus de 50 % de votre capital ou exerce un contrôle dominant

Dans les cas “partenaire” et “liée”, il faudra agréger les chiffres (effectif, CA, bilan) d’une partie ou de la totalité du groupe pour déterminer si vous êtes encore une PME.

Comment agréger les chiffres en cas de groupe ou de holdings ?

C’est l’étape la plus souvent oubliée… et pourtant déterminante. Si votre entreprise est intégrée à un groupe, les seuils de la PME se calculent en additionnant les données de certaines autres entités.

Le principe :

  • avec une entreprise partenaire (25 % à 50 % de détention), vous additionnez les chiffres au prorata de la participation
  • avec une entreprise liée (plus de 50 % ou contrôle), vous additionnez les chiffres à 100 %

Exemple concret :

Vous dirigez la société Alpha, qui a :

  • 80 salariés
  • 12 M€ de CA
  • 6 M€ de total de bilan

Sur le papier, Alpha est une “petite entreprise”. Mais :

  • un fonds d’investissement non-PME détient 60 % du capital d’Alpha
  • ce fonds contrôle aussi la société Beta (150 salariés, 25 M€ de CA, 15 M€ de bilan)

Résultat : pour apprécier le statut de PME, Alpha et Beta sont liées via ce fonds. On doit donc additionner leurs données à 100 % :

  • effectif total : 80 + 150 = 230 salariés
  • chiffre d’affaires : 12 + 25 = 37 M€
  • bilan : 6 + 15 = 21 M€

Le groupe reste en-dessous de 250 salariés et 50 M€ de CA : Alpha peut encore être considérée comme une PME.

Mais si Beta avait 220 salariés au lieu de 150, l’ensemble passerait à 300 salariés : Alpha ne serait plus une PME au sens de la définition européenne, même si isolément elle ressemble à une “petite boîte”.

Cas particuliers : holdings, investisseurs publics, business angels

Tout n’est pas noir ou blanc. Certaines participations ne font pas perdre le statut de PME, même au-delà de 25 % du capital. C’est le cas notamment :

  • des investisseurs publics (État, collectivités, fonds publics)
  • des fonds de capital-risque
  • des business angels
  • des universités ou centres de recherche

La logique du législateur européen est simple : ces acteurs sont là pour financer la croissance des PME, pas pour les transformer en filiales de grands groupes.

Autre cas fréquent : la société holding. Si vous avez créé une holding qui détient 100 % de votre société opérationnelle, la question est : où se situent réellement les salariés, le CA et le bilan ?

  • si la holding est strictement financière, sans salariés ni activité opérationnelle significative, les chiffres pertinents sont ceux de la filiale
  • en revanche, si plusieurs filiales opérationnelles existent, il faudra probablement additionner l’ensemble pour déterminer si le “groupe” reste une PME

Pourquoi ce statut de PME est déterminant pour vos financements

Dans la pratique, le statut de PME sert souvent de clé d’entrée ou de condition d’éligibilité. Quelques exemples concrets :

  • Financement bancaire :
    • certains produits de Bpifrance sont spécifiquement réservés aux PME (garanties de prêts, cofinancements, etc.)
    • les banques peuvent plafonner certains types d’engagements au-delà d’un certain statut
  • Aides et subventions :
    • nombre de dispositifs régionaux ou européens (FEDER, Horizon Europe, etc.) sont calibrés pour les PME
    • des bonus d’intensité d’aide (pourcentage de subvention) sont souvent plus élevés pour les PME que pour les grandes entreprises
  • Fiscalité :
    • certains régimes de faveur (ex : dispositifs d’amortissement accéléré, exonérations partielles) ciblent expressément les PME
  • Appels d’offres :
    • dans les marchés publics, des lots peuvent être réservés aux PME ou bénéficier de mesures facilitatrices (allotissement, délais de paiement, etc.)

Ne pas être capable de démontrer formellement que vous êtes bien une PME, c’est prendre le risque de :

  • vous auto-censurer sur certains dispositifs que vous auriez pu activer
  • perdre une aide lors d’un contrôle a posteriori
  • rendre un dossier moins lisible pour un banquier ou un investisseur

Comment vérifier, point par point, si vous êtes officiellement une PME

Passons à la partie opérationnelle. Voici une méthode simple en 5 étapes pour clarifier votre statut.

Étape 1 : rassembler les données clés

Pour l’exercice N-1, sortez :

  • votre compte de résultat (pour le chiffre d’affaires)
  • votre bilan (pour le total de l’actif)
  • votre tableau des effectifs ou vos déclarations sociales (pour l’ETP annuel)
  • le tableau de capitalisation (cap table) à jour, avec les pourcentages de détention

Étape 2 : calculer l’effectif moyen annuel

Si vous n’avez pas le chiffre en ETP directement :

  • calculez le nombre de salariés en CDI, CDD, temps partiels, intérim
  • ramenez les temps partiels en ETP (par exemple 20 h/35 h = 0,57 ETP)
  • proratisiez les CDD et intérimaires sur la durée de présence sur l’année

Comparez le résultat au seuil de 250 ETP.

Étape 3 : vérifier les seuils financiers

À partir de vos comptes :

  • notez le chiffre d’affaires hors taxes (colonne “exercice N”)
  • relevez le total de bilan (total de l’actif)

Vous êtes éligible au critère financier de la PME si :

  • CA ≤ 50 M€ ou total de bilan ≤ 43 M€

Étape 4 : analyser votre capital

Regardez la structure de votre actionnariat :

  • avez-vous des entreprises (françaises ou étrangères) qui détiennent plus de 25 % de votre capital ?
  • ces entreprises sont-elles elles-mêmes des PME au sens européen ?
  • ou s’agit-il de grands groupes, de fonds, de holdings ?

En cas de doute, il peut être utile de demander à vos actionnaires leurs propres chiffres (effectifs, CA, bilan) pour qualifier leur statut.

Étape 5 : agréger si nécessaire

Si vous avez des liens capitalistiques significatifs :

  • identifiez les sociétés liées (détention directe ou indirecte > 50 % ou contrôle)
  • identifiez les sociétés partenaires (détention 25–50 %)
  • additionnez les effectifs, CA, bilan :
    • à 100 % pour les sociétés liées
    • au prorata pour les partenaires

Ce sont ces chiffres “agrégés” qui permettront de trancher officiellement sur votre statut de PME.

Et si vous dépassez (ou risquez de dépasser) les seuils ?

Si vos chiffres montrent que vous êtes déjà au-dessus des seuils, ou que vous êtes à la limite, quelques points de vigilance s’imposent :

  • Anticiper les effets sur vos aides :
    • certains dispositifs ne sont plus accessibles une fois les seuils dépassés
    • pour d’autres, l’intensité d’aide baisse (taux de subvention plus faible)
  • Gérer la transition :
    • une année de dépassement ne suffit pas toujours à faire changer de catégorie : en droit européen, il faut en principe deux exercices consécutifs de dépassement pour perdre le statut de PME
    • à l’inverse, si vous redescendez sous les seuils après deux ans, vous pouvez retrouver ce statut
  • Sécuriser vos déclarations :
    • ne “jouez” pas avec les seuils en essayant de les contourner artificiellement (montages de façade, externalisation purement cosmétique, etc.)
    • en cas de contrôle, l’administration se réfère à la substance économique plus qu’à la forme

En pratique, comment documenter votre statut de PME auprès de vos partenaires

Banques, Bpifrance, régions, Europe… tous vous demanderont, tôt ou tard, de justifier votre statut de PME. Vous gagnerez du temps si vous préparez un “kit PME” simple et à jour.

Ce kit peut contenir :

  • une fiche synthétique avec :
    • effectif annuel (ETP)
    • CA et total de bilan sur les deux derniers exercices
    • description synthétique de l’actionnariat
  • un organigramme capitalistique, surtout si vous avez une holding ou plusieurs filiales
  • un tableau de calcul montrant, le cas échéant, l’agrégation des chiffres avec les sociétés liées/partenaires
  • les liasses fiscales ou comptes annuels

Ce travail, vous ne le faites pas seulement pour l’administration. Il clarifie aussi une chose essentielle pour un dirigeant : où se situe réellement votre entreprise dans le paysage économique ? Toujours une PME, bientôt une ETI, encore une micro ou déjà une “moyenne” solide ?

Cette lecture, combinée à vos objectifs de développement, vous aidera à aligner vos choix de financement, de gouvernance et de structuration de groupe avec la réalité de votre trajectoire.

Latest Posts

spot_imgspot_img

Don't Miss

Stay in touch

To be updated with all the latest news, offers and special announcements.