mercredi, décembre 17, 2025
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5 start-up prometteuses dans l’agriculture à suivre pour inspirer les pme des territoires

Quand on parle de start-up, on pense spontanément à la fintech, au SaaS ou à l’intelligence artificielle. Pourtant, certaines des innovations les plus concrètes et les plus utiles pour les territoires viennent… des champs. Robotique, data, nouvelles protéines, traçabilité, circuits courts : l’agritech est en train de redessiner la façon de produire, transformer et distribuer l’alimentation.

Et ce n’est pas qu’une affaire de « jeunes pousses » ou de levées de fonds spectaculaires. Beaucoup de ces modèles sont directement transposables – ou adaptables – à des PME industrielles, agroalimentaires ou de services en région.

Dans cet article, je vous propose de regarder en détail 5 start-up prometteuses dans l’agriculture, non pas pour les admirer de loin… mais pour en tirer des idées d’action concrètes pour votre propre entreprise.

Naïo Technologies : la robotique agricole au service de la main-d’œuvre

Basée près de Toulouse, Naïo Technologies développe des robots agricoles électriques dédiés au désherbage et à l’assistance des agriculteurs. Leurs robots (Oz, Dino, Ted, Orio…) sont déjà utilisés dans des vignobles, des cultures maraîchères ou encore en grandes cultures.

Leur promesse : réduire le recours aux herbicides, soulager la pénibilité et répondre à la pénurie de main-d’œuvre, tout en améliorant la productivité des exploitations. Les robots circulent de manière autonome dans les rangs, réalisent le désherbage mécanique, et libèrent du temps pour les tâches à plus forte valeur ajoutée.

Quelques chiffres parlants : plusieurs centaines de robots vendus dans plus de 20 pays, des partenariats avec de grands acteurs (vignerons, coopératives, équipementiers), et une montée en puissance rapide avec l’industrialisation de leur gamme.

Qu’est-ce qui peut inspirer les PME des territoires dans cette histoire de robots fermiers ? Beaucoup plus de choses qu’il n’y paraît.

Ce que les PME peuvent en retenir :

  • Automatiser la pénibilité ciblée : Naïo n’a pas cherché à « tout robotiser », mais à cibler un problème clair, coûteux et répétitif (le désherbage). Dans une PME industrielle ou logistique, quelles sont les tâches pénibles, répétitives, génératrices d’absentéisme, qui pourraient être partiellement automatisées ?
  • Co-construire avec les utilisateurs : les robots ont été développés en collaboration étroite avec des agriculteurs pilotes. Même logique pour une PME : associer 5 à 10 clients-clés ou opérateurs terrain dans le développement d’un nouveau service ou d’un nouvel outil peut faire gagner des mois de mise au point.
  • Penser usage avant technologie : Naïo ne vend pas de la « robotique » au sens abstrait, mais des heures de désherbage économisées, des litres d’herbicides en moins, des TMS évités. Quand vous investissez dans une technologie, posez la question : quel indicateur opérationnel sera impacté (heures, coûts, accidents, rebuts, délais) ?

Ÿnsect : transformer des insectes en protéines… et des déchets en ressources

Ÿnsect, basée en France, est devenue une référence mondiale de la production de protéines d’insectes, notamment pour l’alimentation animale et les engrais organiques. Le principe : élever des insectes (notamment des scarabées) dans des fermes verticales ultra-automatisées, en valorisant des coproduits agricoles comme matière première.

Résultat : une source de protéines à très faible empreinte carbone par rapport aux protéines animales traditionnelles, et une chaîne de valeur qui transforme des « déchets » en ressource à haute valeur ajoutée.

Sans viser les mêmes volumes ni les mêmes montants de financement, les PME agricoles et agroalimentaires peuvent s’inspirer de cette logique d’économie circulaire et d’industrialisation maîtrisée.

Ce que les PME peuvent en retenir :

  • Cartographier ses flux de déchets et coproduits : dans beaucoup d’entreprises, les déchets organiques, les rebuts de production ou les sous-produits sont gérés comme un coût. Première étape concrète : lister, quantifier, caractériser ces flux et évaluer leur potentiel de valorisation (alimentation animale, biomatériaux, énergie, engrais…).
  • Nouer des partenariats locaux : Ÿnsect travaille avec des acteurs agricoles pour sécuriser ses approvisionnements. À votre échelle, un partenariat avec une autre PME, une coopérative, un méthaniseur ou une start-up locale peut permettre de créer une boucle vertueuse sans investissement géant.
  • Automatiser progressivement : les fermes d’Ÿnsect sont très automatisées, mais cette automatisation a été construite par étapes. Dans une PME, il est possible de commencer par des solutions simples (capteurs, pilotage, traçabilité des flux) avant de passer aux robots ou à l’IA.

Connecting Food : la traçabilité de bout en bout grâce au numérique

Connecting Food propose une plateforme de traçabilité « de la fourche à la fourchette », basée sur la blockchain et des outils de contrôle numérique. L’objectif : garantir au consommateur que le produit qu’il achète respecte bien le cahier des charges annoncé (origine, labels, pratiques agricoles, etc.).

Concrètement, les données issues de chaque maillon (agriculteur, transformateur, logisticien, distributeur) sont collectées et vérifiées en temps réel. Un QR code sur l’emballage permet au client final de visualiser l’historique du produit.

Derrière les buzzwords technologiques, le sujet est extrêmement opérationnel : comment fiabiliser la traçabilité, réduire les litiges, sécuriser les filières et donner des preuves tangibles aux consommateurs ?

Ce que les PME peuvent en retenir :

  • Traiter la traçabilité comme un levier commercial : pour beaucoup de PME, la traçabilité est vécue comme une contrainte réglementaire. Connecting Food montre qu’elle peut devenir un élément de différenciation et de storytelling. Quelles informations sur vos produits ou services pourraient rassurer vos clients… et justifier un meilleur prix ou une fidélité accrue ?
  • Digitaliser progressivement les flux d’information : pas besoin de se lancer directement dans la blockchain. Première marche : abandonner les fichiers Excel éclatés, centraliser les données clés (n° de lot, origine, dates, contrôles qualité) et automatiser les échanges avec vos partenaires (EDI, API, extranet simple).
  • Rendre visible l’invisible : un simple QR code vers une page web claire, pédagogique, avec quelques indicateurs vérifiables (origine, valeur locale créée, impact environnemental) peut déjà vous distinguer de vos concurrents.

Naïo, Ÿnsect, Connecting Food… et les autres : le point commun ? L’usage

Avant de passer aux deux autres start-up, un point mérite d’être souligné : toutes celles citées jusqu’ici ont construit leur proposition de valeur sur un usage terrain très concret, et pas sur une technologie « magique » en quête de problème.

Pour un dirigeant de PME, la bonne grille de lecture n’est pas : « Est-ce que je dois faire de la robotique ? De la blockchain ? Des insectes ? » mais plutôt : « Sur quel irritant majeur de mon activité pourrais-je appliquer ce type de logique ? »

Gardez cette question en tête pour les deux exemples suivants, plus proches de la transformation des territoires et des circuits de distribution.

Neofarms : les fermes urbaines clés en main et le modèle modulaire

Neofarms (ou d’autres acteurs similaires de la ferme urbaine) développe des systèmes de culture en environnement contrôlé (hydroponie, aquaponie, fermes verticales compactes), souvent installés à proximité ou au cœur des villes : containers, micro-serres connectées, modules intégrés à des bâtiments.

L’idée centrale : produire au plus près du consommateur, avec une forte maîtrise de la qualité et des intrants (eau, nutriments, lumière), en utilisant des outils numériques pour piloter la croissance des plantes.

Pour les territoires, ces modèles permettent de :

  • Réduire les transports et l’empreinte carbone sur certaines catégories de produits (salades, herbes, jeunes pousses…).
  • Créer des emplois non délocalisables et des projets pédagogiques (visites d’école, ateliers, formations).
  • Réutiliser des friches urbaines, des toits, des espaces sous-utilisés.

Ce que les PME peuvent en retenir :

  • Penser « module » plutôt que « mégaprojet » : Neofarms vend des unités modulaires, réplicables. Pour une PME, cela peut inspirer un modèle d’extension par modules : un nouveau site compact, une micro-ligne de production, une antenne commerciale ou logistique légère dans un nouveau territoire.
  • Se rapprocher du client physiquement : l’idée de rapprocher la production de la consommation peut être transposée. Atelier de réparation dans une galerie commerciale, micro-entrepôt en centre-ville pour la livraison rapide, petit site de transformation au plus près de la matière première…
  • Monétiser aussi l’expérience : de nombreuses fermes urbaines tirent une part de revenu de visites, d’ateliers, d’évènements. Une PME industrielle peut-elle ouvrir ses portes (sélectivement) pour des visites, des formations, des partenariats avec des écoles ?

Farmitoo : digitaliser l’achat d’équipement agricole et fluidifier les marchés B2B

Farmitoo est une marketplace en ligne dédiée au matériel agricole (tracteurs, équipements, pièces détachées, fournitures). Elle met en relation des fabricants et des agriculteurs, avec une transparence sur les prix, les caractéristiques techniques et les délais de livraison.

La force du modèle : simplifier un achat complexe, souvent géré par relations de proximité ou catalogues papier, en apportant :

  • Un large choix de références,
  • Des comparaisons facilitées,
  • Des services associés (conseil, livraison, SAV, financement).

Dans les faits, Farmitoo ne fait pas « que » vendre en ligne : la start-up structure un marché B2B fragmenté, apporte de la donnée (prix moyens, marques, volumes) et joue un rôle de tiers de confiance.

Ce que les PME peuvent en retenir :

  • Réinterroger vos canaux de vente B2B : si vos clients sont des professionnels, à quel point leur parcours d’achat est-il encore compliqué (devis manuels, opacité sur les prix, délais peu clairs) ? Que pouvez-vous digitaliser sans perdre la relation humaine (catalogue en ligne, configurateur, demande de devis simplifiée) ?
  • Capitaliser sur votre expertise de conseil : Farmitoo ne se contente pas de lister des produits ; l’équipe conseille et oriente. De la même manière, une PME peut proposer des parcours d’achat guidés, des webinars, des guides pratiques pour aider ses clients à choisir.
  • Rendre le marché plus transparent pour gagner en volume : beaucoup d’entreprises ont peur de rendre leurs prix visibles. Pourtant, la transparence peut attirer de nouveaux clients, rassurer sur le sérieux et simplifier les négociations, surtout si vous êtes capable de justifier vos écarts par la qualité, le service, les délais.

Comment transformer ces inspirations en plan d’action pour votre PME ?

Regarder ces start-up ne sert à rien si cela ne se traduit pas par quelques décisions très concrètes. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas nécessaire de « disrupter » votre secteur pour vous en inspirer.

Voici une grille de lecture simple, en 5 questions, à travailler avec votre équipe de direction ou votre CODIR :

  • 1. Où sont vos tâches les plus pénibles et répétitives ?
    Faites une liste : poste par poste, atelier par atelier, service par service. Classez-les selon leur impact (coût, turnover, absentéisme, non-qualité). C’est votre terrain de jeu pour une automatisation ciblée à la Naïo.
  • 2. Quels sont vos « déchets » qui pourraient devenir une ressource ?
    Matières organiques, chutes de production, emballages, temps machine inoccupé, données non exploitées… Pour chaque flux, posez la question : qui, dans un rayon de 50 km, pourrait en faire quelque chose ? Inspirez-vous de la logique Ÿnsect.
  • 3. Sur quels produits ou services un supplément de traçabilité rassurerait-il vos clients ?
    Pas besoin de tout couvrir. Commencez par une gamme pilote, un marché sensible (bio, premium, export) ou un client exigeant. Objectif : structurer mieux vos données, puis les rendre visibles, à la manière de Connecting Food.
  • 4. Comment vous rapprocher physiquement de vos clients-clés ?
    Filiale légère, showroom, stock avancé, technicien sur site, unité mobile… L’idée n’est pas de dupliquer votre usine, mais de créer des « micro-modules » de présence sur le territoire, comme Neofarms le fait avec ses fermes urbaines.
  • 5. Votre parcours d’achat B2B est-il digne de 2025 ?
    Mettez-vous dans la peau d’un nouveau client qui ne vous connaît pas. Peut-il comprendre votre offre, estimer un budget, demander un devis ou commander facilement en ligne ou par un canal simple ? Si la réponse est « non », inspirez-vous de Farmitoo pour repenser vos points de contact.

Pour ne pas rester dans le déclaratif, je conseille souvent le plan suivant, sur 6 à 12 mois :

  • Choisir 2 chantiers maximum parmi les 5 questions ci-dessus (par exemple traçabilité + automatisation d’une tâche pénible).
  • Désigner un pilote par chantier, avec un objectif chiffré (heures gagnées, % de rebuts en moins, nouveaux clients touchés, etc.).
  • Identifier 1 ou 2 partenaires locaux (start-up, école, chambre consulaire, coopérative) pour accélérer la mise en œuvre.
  • Lancer un pilote sur un périmètre limité (une ligne, une gamme, un site, un territoire) plutôt que de viser un grand plan global.
  • Mesurer, ajuster, étendre : si les gains sont au rendez-vous, documenter la méthode et la déployer sur d’autres périmètres.

Les territoires, terrains de jeu naturels de ces innovations

Un dernier point, souvent sous-estimé : les start-up citées ne se développent pas « dans le vide ». Elles ont besoin de terrains d’expérimentation, de partenaires industriels, de coopératives, de PME capables d’accueillir un pilote, de tester un nouveau service, de co-développer une offre.

Autrement dit, les PME des territoires ne sont pas condamnées à subir ces innovations : elles peuvent en être co-auteurs. Quelques pistes très opérationnelles :

  • Rejoindre un réseau agritech ou un cluster local pour identifier les start-up qui travaillent sur vos problématiques (La Ferme Digitale, pôles de compétitivité, clusters régionaux).
  • Proposer votre site comme terrain d’expérimentation pour tester une solution de robotique, de traçabilité, de gestion d’énergie… en échange de conditions préférentielles et d’un co-développement adapté à vos besoins.
  • Monter un projet collaboratif financé (Région, France 2030, FEADER, ADEME…) en associant une start-up, une collectivité et d’autres PME. De nombreux dispositifs publics financent précisément ces démarches d’innovation territoriale.
  • Intégrer l’agritech dans votre stratégie RSE : réduction des intrants, circuits courts, valorisation des déchets, emploi local… autant de sujets où la coopération avec des start-up agricoles donne du contenu concret à vos engagements.

En résumé, les 5 start-up que nous avons passées en revue ne sont pas seulement des « success stories » à admirer de loin. Elles sont surtout des laboratoires d’idées pour repenser, à l’échelle de votre PME, la manière de produire, de vendre, de coopérer et de créer de la valeur sur votre territoire.

La vraie question n’est pas de savoir si vous allez copier Naïo, Ÿnsect, Connecting Food, Neofarms ou Farmitoo. La vraie question est : quel projet concret allez-vous lancer, dans les 90 prochains jours, en vous inspirant de leurs approches ?

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