mercredi, décembre 17, 2025
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Geo-localiser sa flotte automobile : outils, coûts et gains pour les pme disposant de véhicules professionnels

Jusqu’où vont réellement vos véhicules dans une journée de travail ? Combien de temps vos équipes passent-elles sur la route plutôt que chez les clients ? Et surtout : combien cela vous coûte-t-il en carburant, en heures supplémentaires et en organisation approximative ?

La plupart des dirigeants de PME disposant de véhicules professionnels ont une idée « à la louche »… mais très peu de données fiables. C’est précisément ce que la géolocalisation de flotte permet de changer.

Dans cet article, on va regarder ce sujet sans jargon technique, avec une approche 100 % terrain : quels outils existent, combien ça coûte, quels gains concrets vous pouvez espérer, et comment déployer la géolocalisation sans braquer vos équipes.

Pourquoi géolocaliser sa flotte quand on est une PME ?

La géolocalisation de véhicules consiste à équiper chaque véhicule d’un boîtier (ou d’une application mobile) qui remonte en temps réel sa position, ses trajets, ses temps d’arrêt, sa vitesse, etc. L’objectif n’est pas d’«&nbsp’espionner » les équipes, mais de piloter une activité qui, sinon, reste largement invisible.

Pour une PME, les cas d’usage les plus fréquents sont :

  • Optimiser les tournées : éviter les détours inutiles, regrouper les interventions par zone, adapter les plannings en temps réel.
  • Réduire les coûts de carburant : lutter contre les trajets privés non déclarés, limiter les vitesses excessives, diminuer les temps de ralenti moteur allumé.
  • Améliorer le service client : donner des heures d’arrivée estimées fiables, prouver un passage sur site en cas de litige, réagir plus vite aux urgences.
  • Sécuriser les véhicules : localiser un véhicule volé, être alerté en cas de sortie de zone, détecter des usages anormaux en dehors des horaires.
  • Mieux suivre l’activité : disposer de rapports automatisés par véhicule, par chauffeur, par client, pour prendre des décisions factuelles.

Exemple réel : une PME de 25 salariés dans le second œuvre, avec 12 véhicules utilitaires, dépensait environ 8 000 € de carburant par mois. Après 6 mois de géolocalisation et d’optimisation des tournées, la facture est passée à 6 600 € en moyenne. Soit 1 400 € économisés chaque mois, pour un abonnement de géolocalisation de 480 €/mois. ROI : positif dès le premier mois.

Quels outils de géolocalisation existent pour les PME ?

Deux grandes familles de solutions se détachent pour les PME :

  • Boîtiers GPS installés dans les véhicules

C’est la solution la plus classique.

Un boîtier est installé dans chaque véhicule (généralement sous le tableau de bord, branché sur l’alimentation). Il communique en 4G/5G avec une plateforme web sur laquelle vous visualisez votre flotte sur une carte et accédez aux rapports.

Avantages :

  • Fiable, autonome, difficile à désactiver.
  • Convient particulièrement aux véhicules utilitaires et poids lourds.
  • Permet souvent d’accéder à des données supplémentaires (km, consommation, codes défaut) via l’interface OBD ou le CAN bus.

Inconvénients :

  • Nécessite une installation (souvent réalisée par un technicien partenaire).
  • Moins adapté si vos équipes tournent avec leurs propres véhicules (forfait kilométrique, etc.).
  • Applications mobiles de géolocalisation

Dans ce cas, ce n’est pas le véhicule qui est suivi, mais le smartphone du collaborateur équipé d’une application dédiée.

Avantages :

  • Pas d’installation matérielle dans les véhicules.
  • Idéal pour les commerciaux, consultants, techniciens qui utilisent différents véhicules.
  • Permet parfois de distinguer automatiquement trajets pros / trajets perso.

Inconvénients :

  • Nécessite que le collaborateur garde son téléphone chargé, avec la géolocalisation activée.
  • Perception parfois plus sensible côté salariés (on suit la personne plutôt que le véhicule).

Dans la pratique, beaucoup de PME optent pour une approche hybride : boîtiers pour la flotte de véhicules utilitaires, appli pour la force de vente.

Sur le marché français, on trouve une dizaine d’acteurs majeurs, plus une multitude de solutions plus spécialisées. Les fonctionnalités de base sont globalement similaires, la différence se fait sur :

  • La qualité de l’interface (simplicité, lisibilité des rapports).
  • L’intégration avec vos outils existants (ERP, CRM, logiciel de planning, paie…).
  • Les services additionnels : alertes d’entretien, carte carburant, gestion des temps, preuves de service.
  • La qualité de l’accompagnement (formation, support, paramétrage).

Combien ça coûte réellement ?

Sur les devis que je vois passer en PME, les ordres de grandeur suivants reviennent régulièrement :

  • Matériel (boîtier GPS) : entre 0 € (inclus dans l’abonnement) et 150 € par véhicule, selon les modèles et la politique du fournisseur.
  • Abonnement mensuel par véhicule : entre 10 et 25 € HT/mois, en fonction des options (remontée temps réel, historique longue durée, intégrations, assistance, etc.).
  • Frais d’installation : 50 à 120 € par véhicule si un technicien se déplace, parfois offerts si vous engagez un volume de véhicules ou une durée d’abonnement.

Concrètement, pour une flotte de 10 véhicules, vous pouvez vous attendre à :

  • Coût de démarrage : entre 500 et 1 500 € HT (matériel + installation), voire moins si le matériel est inclus.
  • Abonnement annuel : entre 1 200 et 3 000 € HT/an.

L’enjeu n’est donc pas tant le coût brut que la capacité à générer des économies et des gains supérieurs. Pour rester pragmatique, posez-vous trois questions dès le départ :

  • Combien dépensez-vous aujourd’hui en carburant, entretien, sinistres, amendes liées à la conduite, heures supplémentaires liées aux trajets mal optimisés ?
  • Quel pourcentage d’économie semble réaliste (sans chercher la perfection) ? 5 % ? 10 % ? 15 % ?
  • Le coût de l’abonnement représente-t-il moins de 30 % des gains attendus ? Si oui, vous avez en général un ROI acceptable.

Exemple de calcul rapide :

Une PME de services avec 8 utilitaires dépense :

  • 6 000 € de carburant/mois.
  • 4 000 € d’entretien et pneumatiques/an (soit 333 €/mois).
  • 3 000 € d’heures sup liées à des trajets mal organisés/an (soit 250 €/mois).

En raisonnant sur les seuls carburant + heures sup, on est à 6 250 €/mois. Une amélioration de 10 % fait gagner 625 €/mois. Si votre abonnement de géolocalisation vous coûte 8 véhicules x 18 € = 144 €/mois, le ratio gains/coûts est largement en votre faveur.

Quels gains concrets peut espérer une PME ?

Une fois la solution en place et correctement utilisée, les bénéfices les plus fréquents sont les suivants :

  • Diminution de la consommation de carburant : souvent entre -5 % et -15 %.
  • Réduction du kilométrage inutile : tournées mieux organisées, baisse des détours « de confort ».
  • Moins d’accidents et d’amendes : conduite plus apaisée lorsque les comportements (vitesses, freinages brusques) sont suivis et accompagnés.
  • Gain de temps administratif : plus besoin de reconstituer les trajets à la main pour la facturation ou les notes de frais kilométriques.
  • Meilleure facturation des interventions : preuve des temps passés sur site, traçabilité des passages.

Un retour d’expérience fréquent : le simple fait de savoir que les trajets sont enregistrés fait disparaître une partie des abus (détours personnels, utilisation du véhicule le week-end, longs arrêts café au milieu de la tournée). Sans instaurer un climat de méfiance, le cadre devient plus clair : le véhicule est un outil de travail, pas un avantage déguisé.

Autre levier souvent sous-estimé : la qualité de service côté client. Pouvoir dire :

  • « Notre technicien est à 12 minutes de chez vous » au lieu de « Il devrait arriver dans la matinée ».
  • « Voici le rapport de passage qui confirme son arrivée à 10h42 et son départ à 11h18 » en cas de litige.

Ce type de preuves factuelles réduit sensiblement les contestations et renforce votre image de sérieux.

Les points de vigilance : RGPD, droit du travail et acceptation des équipes

Installer une solution de géolocalisation, ce n’est pas seulement une question de matériel et de logiciel. C’est aussi un sujet juridique et managérial. Trois points clés à ne surtout pas négliger :

  • Informer et consulter les représentants du personnel : si vous avez un CSE, il doit être informé et consulté en amont. Les salariés doivent être clairement informés des objectifs, des données collectées, de la durée de conservation, etc.
  • Limiter l’usage aux finalités déclarées : optimisation des tournées, sécurité, gestion des temps… mais pas de surveillance permanente injustifiée. Le RGPD impose la proportionnalité.
  • Respecter le cadre des horaires de travail : sauf cas particulier (véhicules particulièrement sensibles, marchandises de valeur…), le suivi en dehors des heures de travail est en principe interdit, ou doit au minimum permettre au salarié de désactiver la géolocalisation pour ses trajets privés.

En pratique, ce qui fait la différence, c’est la manière dont le sujet est introduit.

Deux approches sont possibles :

  • « On installe des traceurs pour vérifier ce que vous faites. »
  • « On met en place un outil pour mieux organiser les tournées, diminuer les heures sup, réduire la fatigue liée aux trajets, et sécuriser vos véhicules. Voilà comment ça va marcher, quelles données seront collectées, et ce qui ne sera jamais fait avec. »

Devinez laquelle fonctionne le mieux sur le terrain.

Astuce simple : formalisez une charte d’utilisation de la géolocalisation, jointe au règlement intérieur ou remise à la signature des salariés concernés. Elle doit préciser :

  • Les objectifs poursuivis.
  • Les types de données collectées.
  • Les personnes ayant accès aux données.
  • La durée de conservation.
  • Les droits des salariés (accès, rectification, opposition dans certains cas).

Comment déployer efficacement la géolocalisation dans une PME ?

Passer de l’idée au déploiement sans perdre tout le monde en route demande une méthode minimale. Voici un plan d’action en 6 étapes, éprouvé dans de nombreuses PME :

  • 1. Clarifier vos objectifs

Avant même de contacter des fournisseurs, posez par écrit :

  • Pourquoi voulez-vous géolocaliser votre flotte ? (coûts, organisation, service client, sécurité…)
  • Quels indicateurs vous voulez suivre ? (km/mois par véhicule, temps sur route vs temps chez client, consommation, délais d’intervention…)
  • Quelles décisions vous comptez prendre grâce à ces données ?

Plus vous êtes précis, plus vous évitez les usines à gaz inutiles.

  • 2. Cartographier votre flotte et vos usages

Faites un inventaire simple :

  • Nombre de véhicules, type, âge.
  • Qui les utilise (profils, services, organisation des tournées).
  • Outils existants (planning, CRM, ERP, gestion du temps) avec lesquels la solution devra éventuellement s’intégrer.

Cette photo de départ vous permettra de challenger les prestataires avec des questions concrètes, plutôt que de subir un discours commercial générique.

  • 3. Consulter 2 à 3 fournisseurs, pas 10

Demandez des démonstrations ciblées sur votre cas :

  • « Montrez-moi comment j’optimise ma tournée d’intervention sur 15 clients dans la même journée. »
  • « Comment je sors un rapport mensuel par véhicule avec le kilométrage, le temps de roulage et de stationnement ? »
  • « Comment mes chefs d’équipe vont utiliser la solution sans y passer 2h par jour ? »

Évaluez autant l’ergonomie que la richesse fonctionnelle. Une solution ultra-complète mais impossible à prendre en main ne sera jamais utilisée.

  • 4. Impliquer le management intermédiaire

Ce sont vos chefs d’équipe, responsables d’agence ou directeurs de site qui feront vivre l’outil au quotidien. S’ils y voient une contrainte de plus, il ne sera pas exploité. Assurez-vous qu’ils :

  • Comprennent clairement les bénéfices pour leur périmètre.
  • Soient formés à l’interprétation des données.
  • Participent à la définition des règles d’usage (par exemple, seuil de vitesse, seuil de temps d’arrêt moteur allumé, etc.).
  • 5. Démarrer par un pilote

Pas besoin d’équiper 40 véhicules d’un coup. Un pilote sur 5 à 10 véhicules suffira à :

  • Valider la fiabilité technique de la solution.
  • Ajuster les rapports utiles (ceux que vous regarderez vraiment).
  • Mesurer les gains sur 2 ou 3 indicateurs simples.

Après 2 à 3 mois de pilote, vous aurez des éléments factuels pour décider d’un déploiement complet (ou d’un changement de solution si nécessaire).

  • 6. Ancrer les nouveaux réflexes

Une solution de géolocalisation ne produit pas de valeur par magie. Ce sont les décisions prises grâce aux données qui créent la valeur. Prévoyez donc :

  • Un rituel mensuel : revue de quelques indicateurs clés en comité de direction et avec les managers concernés.
  • Des actions correctives simples : rappeler les bonnes pratiques de conduite, réorganiser certains tournées, adapter les horaires de départ, etc.
  • Un retour vers les équipes : partager les résultats (économies réalisées, baisse des heures sup, amélioration des délais d’intervention) pour montrer l’intérêt concret de l’outil.

Un cas pratique : une PME du BTP qui reprend le contrôle de sa flotte

Pour terminer avec du très concret, voici la synthèse d’un cas accompagné récemment (en anonymisant l’entreprise).

Profil : PME du BTP, 45 salariés, 18 véhicules utilitaires (fourgons), 3 véhicules légers pour les conducteurs de travaux.

Problèmes identifiés :

  • Factures de carburant en hausse constante (+18 % en 2 ans).
  • Litiges fréquents avec quelques clients sur le temps passé sur les chantiers.
  • Impression générale d’un « flou artistique » sur l’usage des véhicules en dehors des horaires.

Solution mise en place :

  • Boîtiers GPS installés sur les 18 utilitaires.
  • Charte d’usage présentée et discutée avec les équipes : pas de suivi en dehors des horaires de travail, désactivation automatique la nuit et le week-end, possibilité d’utiliser le véhicule pour rentrer au domicile dans un rayon limité mais géolocalisation désactivée au-delà.
  • Mise en place de rapports mensuels simples : km par véhicule, temps de roulage, temps d’arrêt moteur tournant, vitesse moyenne.
  • Revue mensuelle en réunion de chefs de chantier.

Résultats après 6 mois :

  • -12 % de consommation de carburant (économie d’environ 1 050 €/mois).
  • Diminution de 25 % du temps moteur tournant à l’arrêt.
  • Réduction nette des litiges clients grâce aux rapports d’intervention (passage de 4 à 1 litige par mois en moyenne, et une meilleure issue des litiges restants).
  • Abonnement géolocalisation : 18 véhicules x 17 € = 306 €/mois.

Gain net : environ 750 € par mois, sans compter l’amélioration de la relation client et le temps administratif économisé.

Ce cas illustre un point fondamental : la géolocalisation n’est pas une fin en soi. C’est un levier de pilotage. Ce ne sont pas les courbes et les cartes qui créent la valeur, ce sont les décisions que vous prenez derrière.

Si votre PME dispose de véhicules professionnels et que vous avez le sentiment de piloter « à vue » cette partie de votre activité, la géolocalisation mérite au moins un test sérieux. Avec un cahier des charges clair, un pilote bien mené et une communication transparente avec vos équipes, le rapport coûts/gains peut très rapidement jouer en votre faveur.

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